Strepsiptera Stylopidae
Les Strepsiptères constituent un ordre un peu particulier, peu connu mais souvent
mentionné, qui se caractérise par la présence de deux ailes qui, contrairement à celles
des Diptères, sont les ailes postérieures alors que les ailes antérieures sont remplacées,
toujours comme les Diptères, par une paire de balanciers qui jouent un rôle dans la maîtrise
du vol par les individus.
Mais ce n'est pas tout...
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La totalité des genres et des espèces de l'ordre des Strepsiptera
possède un mode de vie parasite, ce qui en fait une curiosité. En outre, tout
comme d'autres insectes, notamment les Psychidae (ordre des Lepidoptera, voir
par exemple cette
photo
et cette autre
photo sur ce site),
il existe un très fort dimorphisme sexuel puisque la femelle
vit intégralement à l'intérieur de son hôte et n'en sort jamais (exception faite
de quelques espèces de la famille des Mengenillidae). Tout comme les Psychidae,
donc, les seuls imagos autonomes que l'on peut apercevoir sont des mâles. Les
mâles des Strepsiptères ont cette particularité (pas si rare parmi les insectes)
de ne pas avoir de bouche fonctionnelle, si bien qu'ils ne se nourrissent pas
pendant leur courte vie. Leur seule raison d'être est de trouver une femelle
pour la féconder. Les femelles sont fécondées
in situ par le mâle.
La reproduction est vivipare en ce sens que les œufs pondus ne sortent du
corps de la femelle que lorsque l'éclosion a eu lieu. Le premier stade des larves porte le nom de
planidium.
Les Strepsiptères qui parasitent les Hyménoptères, et qui sont peut-être les plus
connus de cet ordre, appartiennent tous à la famille des Stylopidae, ce qui
explique que l'on parle volontiers dans ce cas d'insectes stylopisés.
La photo ci-dessus, ainsi que celle ci-contre, ont été faites à la fin-mars
2005, au cimetière de Montmartre. Je ne connaissais pas à l'époque l'existence
de cet ordre et j'avais photographié purement par réflexe...
On a en effet plus souvent l'occasion de voir des Hyménoptères stylopisés,
avec ces irrégularités caractéristiques des segments abdominaux, comme ci-dessous,
un Ancistrocerus auctus.
On voit ainsi dépasser le céphalothorax de la femelle (Xenidae, peut-être
Pseudoxenos heydenii).
Certains genres semblent plus facilement parasités que l'autres, notamment
les Andrènes, ce qui est peut-être lié au mode de nidification des hôtes et
au mode de diffusion des parasites.
Cette Andrène porte ainsi deux parasites au niveau du même tergite, alors que la photo
précédente du même individu permettait à peine de les distinguer.
On a remarqué que les individus qui émergent les premiers sont plus souvent
stylopisés que les autres. L'hypothèse est que cela serait dû au fait que le parasite a absorbé
les corps gras de son hôte et que celui-ci est donc contraint de reprendre sa recherche de
nourriture plus tôt.
Un autre phénomène notable est celui de la castration parasitaire, à savoir que ce qui peut
sembler un mâle (comme ci-dessus) est peut-être une femelle dont les organes reproducteurs
n'ont pas pu se développer normalement à cause de la présence du parasite.
La femelle ne quitte pas l'abdomen de son hôte et, par son céphalothorax, émet
des phéromones pour attirer le mâle. Elle présente à l'extérieur une ouverture par laquelle
elle est fécondée. Cependant, au dernier stade larvaire, les organes sexuels connaissent un
phénomène d'autolyse, c'est-à-dire qu'ils disparaissent dans la cavité interne principale,
appelée hémocèle.
C'est là que les œufs éclosent, ce qui permet à la femelle de rejeter à l'extérieur un grand
nombre de larves, de 1 000 à 750 000. Ces larves (appelées triongulins par analogie avec les larves
des Meloidae) sont minuscules (0,1 mm). Elles sont mobiles et possèdent des pattes, afin de
pouvoir trouver un hôte. Certaines espèces ont de longues soies terminales qui leur permettent
d'effectuer des sauts, jusqu'à 1 cm, pour atteindre leur hôte au stade larvaire. Elles pénètrent dans celui-ci
en utilisant des enzymes pour traverser le tégument.
(Éléments tirés de Grimaldi & Engel, Evolution of the Insects, paru chez Cambridge
University Press en 2005)
Après avoir traversé le tégument, la larve connaît une première mue et prend
une forme apode.
Les larves et les femelles se nourrissent en absorbant des nutriments au travers de leur
cuticule. Voir par exemple le résumé de l'article de
Jürgen Brandenburg et
Franz-Rainer Matuschka paru dans la revue Parasitology Research.
J'ai ainsi eu la chance de revoir un mâle voletant dans la même haie de laurier-tin. Ces
photos sont assez fortement recadrées, ce qui explique leur qualité moyenne.
Ce petit mâle a un vol assez désordonné et ne cesse d'agiter les ailes postérieures autant que les haltères antérieures.
Les ailes en éventail, avec leurs nervures extrêmement rudimentaires, donnent un aspect
un peu irréel à cet insecte.
J'aurais pu considérer que mon bonheur de chasseur de Strepsiptères était total, mais
j'ai eu la chance inouïe, quelques jours plus tard, de voir un mâle in copula
sur l'abdomen d'une Andrène, probablement Andrena fulva.
Et, comble de chance, deux pas plus loin une autre Andrène portait un autre Stylopidé.
Pour conclure, je vous propose cette photo de Polistes dominula,
seule espèce de Poliste à être stylopisée dans nos régions, duquel un Strepsiptère
mâle (probablement Xenos vesparum) est sur le point de sortir.
Photo d'Anne Sorbes, reproduite ici avec son aimable autorisation.
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Dernière mise à jour : février 2023
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